L’analyse génétique de son ADN a mauvaise presse sous nos latitudes. Eline Chivot (analyste en politique publique pour le think tank Center for Data Innovation) plaide, dans un article du site Web Contrepoints du 24 Juillet 2019, pour un assouplissement de la loi de bioéthique et pour que soit levée «l’interdiction faite aux Français d’accéder à une information précieuse sur leur propre héritage génétique, potentiellement essentielle à leur santé et économiquement bénéfique». «La France est l’un des rares pays européens où les progrès fulgurants du séquençage génomique ne semblent pas appréciés à leur juste valeur», rappelle-t-elle (https://www.contrepoints.org/2019/07/24/349722-tests-genetiques-pourquoi-la-france-doit-assouplir-sa-loi-bioethique). Mais, comme bien souvent dans notre pays, la pratique précède et dicte la loi, et on estime ainsi que 100 000 Français se sont déjà adressés à des entreprises étrangères (principalement américaines) pour réaliser une analyse génétique de leur ADN destinée à identifier certaines prédispositions à certaines pathologies, éventuellement susceptibles être transmises à leur descendance. «Malgré le risque de s’exposer à de lourdes sanctions (à partir de 3750 euros et jusqu’à 15 000 euros d’amende et un an d’emprisonnement), ce sont environ 100 000 Français qui commandent chaque année ces produits auprès d’entreprises génétiques, notamment AncestryDNA, 23andMe, MyHeritage, FamilyTreeDNA, ou IGenea».
S’agissant du cas des embryons conçus dans le cadre des FIV, un article mis en ligne sur le site web du Journal International de Médecine ( jim.fr ) s’inquiète du fait que le prochain texte de loi de bioéthique, dont le Parlement entamera la discussion d’ici quelques semaines, fasse l’impasse sur les tests génétiques pré-implantatoires. Terme tabou et mécaniquement associé à eugénisme, l’analyse génétique pré-implantatoire des embryons dans le cadre de CERTAINES fécondations in vitro, mérite, à tout le moins d’être discuté. Son objectif est en effet de rechercher des anomalies génomiques susceptibles être à l’origine d’échecs répétés de PMA et d’éviter des grossesses multiples par un recours trop fréquent à l’implantation de plusieurs embryons. L’enjeu, rappelle Pierre Jouannet dans le magazine de l’INSERM, est d’améliorer les techniques d’AMP – moins de cycles de traitements et de risque de grossesse multiple – et donc la santé des femmes et des enfants tout en diminuant le coût de l’AMP (Pierre Jouannet, Bernard Baertschi et Jean-Francois Guérin. Paris : INSERM et les éditions LeMuscadier, mai 2019).
Faisant écho à la volonté de nombre de praticiens de PMA français, René Frydman, dans un entretien au Journal du Dimanche https://www.lejdd.fr/Societe/Sante/Rene-Frydman-Pourquoi-il-faut-changer-la-loi-sur-la-PMA-839806 plaide pour un assouplissement des conditions d’un recours à l’analyse génétique de l’embryon, aujourd’hui trop encadré et réservé aux couples qui risquent de transmettre à leur enfant une maladie génétique d’une particulière gravité, identifiée au moment où la démarche est initiée.
Comme le relève très justement l’article du JIM, «on peut observer que dans une société où la transparence est érigée en objectif constant (ne serait-ce que vis-à-vis des parents génétiques des enfants nés grâce à un don de sperme !), où l’on promeut l’indépendance des patients et la décision éclairée, le refus ne serait-ce que de réfléchir à l’encadrement de ces tests est singulier».