L’accès à l’auto-congélation des ovocytes ferait partie des dispositions contenues dans le projet de loi sur la bioéthique soumis au vote de l’Assemblée nationale en Septembre. Elle permettra aux femmes de s’affranchir de l’horloge biologique et de préserver ainsi leur fertilité jusqu’à l’heure où elles décideront d’être enceintes. Cette technique existe depuis près de 10 ans, et nous allons vraisemblablement pouvoir enfin la proposer à nos patientes en France.

Bien que l’équivalent de la congélation d’ovocytes chez  l’homme, c’est-à-dire la congélation du sperme, soit autorisé depuis plus de 30 ans, et que tout homme peut faire procéder à une congélation de son sperme sur simple prescription médicale, sans aucune autre démarche, il n’en va pas de même pour les femmes. La seule explication à cela pourrait bien être d’ordre financier : la congélation de sperme est en effet facile et peu coûteuse, tandis que la congélation des ovocytes est beaucoup plus onéreuse, techniquement complexe, avec un traitement hormonal pour stimuler les ovaires (et ce traitement coûte très cher), des prises de sang, des échographies, une ponction d’ovules sous anesthésie, et pour finir une congélation en laboratoire.

Les caisses maladies, déjà lourdement sollicitées, ne pourront pas en assurer seules le financement. Il nous semblerait donc légitime que toutes les femmes qui le souhaitent puissent procéder à une cryo-conservation de leur ovocytes, et que les caisses-maladie, après entente préalable, prennent en charge les cas avérés de stérilité, où il y a une maladie comme l’endométriose ou comme une baisse prématurée de la réserve ovarienne. Dans les autres cas, relevant d’une convenance personnelle, le financement de l’acte serait assuré par les patientes elles-mêmes, voire par des mutuelles qui l’auraient inclus dans certains de leur contrats.

Une seconde disposition figurerait dans le projet de loi : seuls les laboratoires sous statut public recevraient un agrément pour procéder à la conservation des ovocytes, excluant de ce fait les laboratoires privés. Ces mêmes laboratoires privés sont pourtant aujourd’hui autorisés à congeler des embryons pour les fécondations in vitro, et, dans certains cas particuliers, à congeler des ovocytes. Outre que l’on peut s’interroger sur les raisons d’un traitement discriminatoire à l’égard des laboratoires privés, il faut surtout savoir si une telle mesure irait bien dans le sens de l’intérêt des patientes : à l’évidence, ce ne serait pas le cas, car ces centres publics seront rapidement saturés par l’afflux de candidates, avec pour effet induit des délais d’attente qui s’allongent et conduisent, in fine, les patientes à se tourner à nouveau vers des centres à l’étranger. Et la loi de libération de libéralisation de la PMA n’aura été qu’un leurre.

Finalement soyons simples : Congélation pour toutes, remboursement seulement en cas de stérilité ou d’endométriose. Congélation dans des centres agréés, privés comme publics, pour un accès facile.