Nathalie Zerbib-Marciano

Il nous a semblé intéressant de rapporter la réflexion de Nathalie Zerbib-Marciano, Psychanalyste – Cyberpsychologue, sur la difficile situation à laquelle des couples abordant un parcours de PMA pourront parfois être confrontés.

La rencontre amoureuse permet à tout individu de réaliser ses désirs, irréalisables sans l’autre, et réciproquement.

Cependant, qu’en est-il lorsque cette promesse de complétude est ébranlée ? Au bout de quelques années de tentatives où le couple n’aura eu de cesse d’entendre qu’il ne faut pas s’inquiéter, qu’il faut laisser le temps au temps, qu’il faut arrêter d’y penser….?

Le temps du doute, des questionnements et de la recherche d’un coupable émerge. A l’ère du « tout, tout de suite » du « clic », la temporalité doit être restituée pour diminuer l’impatience et la souffrance y afférente, ainsi que pour éviter que le désir d’enfant ne se transforme en obsession.

En d’autres termes la relation change à compter des premières recherches d’infertilité (prises de sang, radiographie des trompes et de l’utérus, spermogramme…)

Puis, l’annonce du diagnostic de stérilité est vécu dans un premier temps comme un drame insurmontable…

C’est semble t-il à ce moment précis qu’il serait primordiale que le couple soit épaulé dans un suivi thérapeutique.

Il faut en effet s’interroger, en amont, sur l’éventualité paradoxale d’une souffrance psychique et d’un stress émanants de la décision même de donner la vie.

Et ainsi, éviter que le stress engendré par la mise en place d’un protocole de PMA ne puisse masquer des angoisses et/ou verrous préexistants.

Diverses réactions émergent en séance: « pourquoi cela nous arrive à nous ? » ou inversement « ça ne m’étonne pas, je m’y attendais depuis toujours ».

La parole va permettre en séance d’explorer le désir d’enfant commun mais aussi ,dans le respect de l’altérité de chacun, les conflits oedipiens inconscients qui y sont liés.

Le couple sera capable de prendre du recul sur la situation et de baisser les tentions souvent dues au non-dits et silences.

Il est impératif que le couple aborde ces traitements de l’espoir proposés par les gynécologues spécialistes de l’infertilité dans un climat apaisé.

En effet, dès les prémices d’un protocole de PMA, l’enfant virtuel des parents existe mais il est sans doute plus fragile et menacé que le bébé virtuel imaginaire de la grossesse, puisque soumis à l’aléa de la réussite du protocole.